Facebook compterait environ deux millions de membres au Japon. Le chiffre a l'air respectable mais il révèle en réalité un démarrage difficile pour le réseau social le plus populaire de la planète, fondé aux Etats-Unis. C'est trois fois moins qu'en France pour une population deux fois plus importante que dans l'Hexagone. Et si le site américain a ses fans - qui l'ont Le réseau social roi du Japon s'appelle Mixi et compte plus de 15 millions de membres. Il est 100% national, d'ailleurs il est impossible de s'y inscrire lorsque l'on habite à l'étranger. Pour devenir membre de Mixi, il faut obligatoirement être titulaire d'une adresse mail associée à un téléphone mobile délivré par un des operateurs nationaux. Autre particularité : c'est justement sur les portables que Mixi cartonne. Le plus souvent, les Japonais n'utilisent leur ordinateur qu'au travail. Parce qu'ils passent aussi beaucoup de temps dans les transports, leur appareil personnel de navigation sur le web est leur mobile et c'est donc dans sa version pour "keitai", les téléphones portables japonais, que Mixi est le plus consulté.
Discrétion et fidélité
Personnel, mais pas intime. Les Japonais sont d'une remarquable pudeur sur le réseau. Ils s'y racontent peu. Ici, on aime la discrétion dans l'espace public et le Web ne fait pas exception. Sur Mixi, très peu de personnes déclinent leur identité réelle ou racontent ce qu'ils font dans la vie. Comme sur Facebook, des communautés se forment, par exemple autour du manga One Piece ou de la célébrissime Hello Kitty, mais chacun s'abrite derrière son pseudo. "C'est une des raisons qui expliquent les difficultés de Facebook dans l'archipel, explique à LCI.fr Paul Papadimitriou, consultant en stratégie Internet au japon, car, contrairement à Mixi, le réseau social oblige ses utilisateurs à décliner leur identité réelle et n'a pas voulu faire d'exception pour le Japon".
Autre explication : les Japonais sont fidèles. Mixi a beau être médiocre de l'avis des spécialistes, il a l'énorme avantage d'avoir précédé Facebook. "La même chose s'est produite avec Google qui a dépassé Yahoo! en terme de qualité de recherche. Au Japon, il n'a jamais pu rattraper son retard. Les Japonais se sont habitués à Yahoo! qui n'est pas assez mauvais pour les faire changer. La seule solution pour s'implanter ici, c'est d'arriver avec un nouveau service", commente Kristopher Tate. C'est justement ce que tente de faire ce petit génie américain de 21 ans, fondateur du site ZooomR qui l'a rendu célèbre dans la Silicon Valley. Il y a un an, il a tout plaqué pour lancer à Tokyo "Kireiki" (CV en japonais), un réseau social professionnel japonais.
Sur ce site, il est obligatoire de donner sa véritable identité mais, pour rassurer les utilisateurs, la règle est claire : on n'y parle que boulot. Chacun peut déposer des "Itoko", des recommandations, sur les profils des autres et évoquer les projets qu'il souhaiterait mener. On peut bien sûr bâtir des "bridges" (ponts) lorsque l'on souhaite collaborer mais tout cela ne reste que professionnel. "De toute façon, les Japonais ont une très petite communauté d'amis : trois, quatre, peut être cinq. Ces sont les personnes qu'ils aiment et dont ils souhaitent le bonheur. Un plus grand réseau amical ne les intéresse pas", note Kristopher Tate.
Le nouveau réseau social en vogue a d'ailleurs bâti son ascension sur le jeu plus que sur les relations. Il s'appelle Gree, en allusion à "six degrees of separation", la théorie selon laquelle toute personne sur cette petite planète peut être connectée à une autre par un chaîne de six personnes, vous avec le pape ou Barack Obama.
Mais dans Gree, de toutes ces personnes auxquelles on se connecte, on ne sait rien le plus souvent. "Chacun y est représenté par un avatar, par exemple un personnage de manga, et nous proposons aux internautes de jouer ensemble sur leur mobile à de petits jeux de pêche, d'animaux de compagnie virtuel, ou de combats", explique l'entreprise à LCI.fr.
Et ça marche… 15 millions de Japonais sont déjà accros, soit 10% de la population de chaque ville japonaise et un bon tiers de Tokyo. Avec son design enfantin, on pourrait croire que le jeu a séduit les ados. C'est en réalité les jeunes adultes qui s'y rendent en masse, 40% des membres ont même plus de 30 ans.
Portée par ce succès monstre, la jeune société emploie déjà 110 employés dans le quartier de Rotongi à Tokyo et vient de dépenser 10 millions d'euros en affichage publicitaire au cœur de la ville. Qu'importe, elle en gagne bien plus en vendant de petits accessoires virtuels – un ou deux euros pièce – que ses membres peuvent utiliser dans ses jeux. Hameçons de compétition, nonos de pixel à faire ronger par son tamagotchi, et kimono de samouraï s'arrachent… Facebook peut aller se rhabiller.
http://www.tf1.lci.fr/ 09/10/2009
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