Une équipe de neurobiologistes américains, en collaboration avec des chercheurs taïwanais, a réalisé une étude sur la gestion par les praticiens de leurs propres émotions face à une situation thérapeutique impliquant la douleur du patient. L'expérience a consisté à projeter à un groupe de médecins, puis à un groupe témoin, des images de personnes recevant une piqûre, et à mesurer par électroencéphalogramme la réaction électrique la plus immédiate de leur cerveau. Car le signal de la perception de la douleur chez autrui, qui est proportionnel à l'intensité estimée de cette douleur, intervient en seulement un dixième de seconde dans le cerveau. Or, pour le groupe de médecins, la zone du cerveau qui normalement s'active lorsque nous voyons un traitement douloureux appliqué à une tierce personne, reste invariablement sans réaction.
Les chercheurs expliquent ce phénomène par le fait que les praticiens ont dû, au cours de leur formation et de leurs années d'expérience, apprendre à gérer leurs émotions afin, d'une part de ne pas inquiéter leurs patients en étant eux-mêmes agités, d'autre part de maintenir un niveau de concentration suffisant pour rester objectif dans le choix du traitement. "Nous avions déjà montré que certaines zones, dans le cortex préfrontal notamment, s'activent uniquement chez les médecins face à la douleur d'autrui et que cela était causé par un contrôle spécifique des émotions. Restait à savoir si cette régulation s'exerçait dès la perception", comme le démontre l'étude, "ou si elle était le résultat d'un contrôle plus tardif de la part du cerveau", commente Jean Decety, principal auteur de ces travaux.
Le Figaro - 02/02/10
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